Réflexions et bananes flambées

Une rue…

septembre 4th, 2008 Posted in Tranche de vie

Ce qui suit est une histoire authentique, si, si. Banale, même, mais comme finalement je suis quelqu’un de très banal je m’y reconnais bien. D’autant plus que je l’ai vécue, ça aide ! Du coup, je vais vous la raconter sans aucun scrupule ni vergogne, il n’y a vraiment plus aucun respect, ma bonne dame !

Nous allons commencer par imaginer ensemble. Je sais, c’est assez violent, comme entrée en matière, ça demande des efforts, en plus je suis fatigué, j’ai pas envie, mais faisons ce petit effort et imaginons. Quoi ? Ah, oui, j’oubliais un élément essentiel. Imaginons, donc, une rue. Pas un grand boulevard, pas une ruelle avec un caniveau au milieu et des trompettes de Jéricho bucoliques au mur. Non, une rue, simple, banale, avec plein de voitures garées de chaque côté. Une rue à sens unique, une rue à voie unique, une rue pas si unique que ça, finalement. Avec des maisons à côté des voitures, et des trottoirs entre.

Dans cette rue, un camion. Enfin, non, pas vraiment un camion, un utilitaire plutôt. Mais un gros, qui fait quelques mètres de long, un peu moins de large et à peu près autant de haut. Vous l’aurez compris, à ce niveau, on peut presque parler de camion, je me permettrai donc de l’appeler comme ça. Quoique, camionnette est peut-être plus approprié. Mais ça fait vieux truc de peintre en bâtiment tout cabossé, ce qui n’est pas le cas de mon camion. Donc je l’appellerai « camion », et arrêtez de m’embêter avec ça, on n’avance pas avec toutes vos bêtises, j’en suis à mon troisième paragraphe et je n’ai même pas fini de planter le décor !

Ce camion, donc, est très mal garé. Enfin, il ne gêne pas la circulation, il est bien sur le côté, mais on ne peut pas dire qu’il soit garé, il est dans l’entrée d’un garage. Ce n’est pas forcément trop grave, il n’y a pas tant de voitures que ça qui sortent de ce garage. En plus, c’est temporaire, ce n’est que pour un emménagement, il peut bouger très vite pour laisser sortir les gens qui en auraient besoin, ce camion. D’ailleurs, l’emménagement est terminé, le moment de sortir le camion est donc venu. Pas de problème, il n’y a personne dans la rue, les conditions sont donc idéales pour manœuvrer. Allons-y.

- Tu as besoin que je sorte pour te guider ?

- Non, ça devrait aller, je m’en sortirai avec les rétros, il n’y a personne dans la rue.

- D’accord…… (un temps)….. stooooooop !

-                             (poc !)

- Oooops…

Où l’on se rend compte que les petits camions ont des pare-chocs idéalement situés et relativement solides. Beaucoup plus que les ailes avant des voitures qu’ils peuvent parfois rencontrer à petite (ou grande, mais dans mon histoire elle est petite) vitesse ! Mais reprenons ce dialogue palpitant.

- Je crois que je suis bon pour lui laisser un mot…

- Ca s’impose, oui.

- Bon, quelqu’un a du papier ?… Non, c’est bon, j’en ai là… (dans le – pas assez – lointain, un bruit : tut tuuuut) Pour le stylo, j’ai aussi.

- Bon alors, tu l’bouge, ton gros cul ? J’ai pas toute la nuit, moi ! Kestufous ? Tu bloques toute la rue, là ! », dit la caillera dans son petit utilitaire ridicule, rap à fond et casquette vissée au crâne.

- V’là aut’chose, tiens… J’en ai pour 30 secondes, je vais bouger (en écrivant un petit mot poli pour dire que « désolé, j’ai bugné votre voiture, contactez-moi au… ») !

- J’ai pas qu’ça à foutre, moi !

- Moi non plus, connard, si tu crois que ça m’amuse ! J’arrive, voilà, j’ai fini, je bouge. », en mettant le petit mot gentil sous un essuie-glace opportunément placé là et déjà fortement chargé.

- Pas trop tôt, allez, dégage de là !

Et le petit camion de partir immédiatement vers de nouvelles et plus palpitantes encore aventures. Quant à la caillera, l’histoire ne dit pas ce qu’elle fout là, mais il semble qu’il y ait eu du foot ce soir là. Le sport est connu pour son effet cathartique sur la violence refoulée, visiblement il y en avait besoin. D’ailleurs, si cette brave personne avait réfléchi 2 secondes avant de s’énerver, peut-être qu’elle aurait réalisé qu’un autre comportement lui aurait permis de bouger plus vite et avec moins de stress pour tout le monde… en était-elle capable ? C’est la morale de cette histoire, parce-qu’il en faut bien une. C’est une morale à la con ? Peut-être, mais c’est tout ce qui est disponible en magasin, en plus il est tard et je suis fatigué.

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