Réflexions et bananes flambées

Moi, je.

juin 23rd, 2008 Posted in Société

Hier soir une amie bien intentionnée à mon égard, à qui je venais de dire que je m’inquiétais pour elle, m’a dit une chose qui, d’une certaine manière, m’a choquée : « tu sais, tu devrais aussi penser à toi de temps en temps ». Ça en dit long sur la société que nous sommes en train de construire : aujourd’hui, pour être équilibré, il faut penser à soi. Le bonheur de chacun passe par la culture attentive de son propre nombril. Il faut penser à ce « moi, je » qui doit régner sans partage. Et que chacun pense, chérisse, vénère ce « moi, je », son petit soi. Et les autres ? Tant pis pour eux, après tout, ils ne valent pas la peine que je m’embête à penser à eux, ils sont eux aussi perdus dans la contemplation de leur « Moi, je ».

Imaginons maintenant une telle société du « moi je », poussée à l’extrême. Chacun fait ce qui lui plaît, ce qu’il veut, en ne tenant compte que de ses propres désirs. Dans une telle société, si pour satisfaire « moi, je » je dois écraser quelqu’un au passage, ce n’est pas grave, ce qui compte c’est ce « moi » surpuissant. En y réfléchissant, une telle a-société a déjà existé. Juste avant qu’il ne faille que les Hommes se rassemblent pour survivre à une nature impitoyable, pour cultiver la terre, pour produire, manger, pour vivre. Aujourd’hui nous vivons le mouvement inverse. Peut-on parler de progrès ?

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