La flemme
février 13th, 2009 Posted in PromenadeElle est bizarre, la flemme… elle vient, comme ça, alors que personne ne l’a demandée. Elle s’installe, fait comme chez elle, tranquille. Et quand elle est là, qu’est-ce qu’elle est collante ! Encore plus bizarre : elle est polymorphe. Flemme de se lever, flemme de préparer le repas, flemme de courir pour attraper le train, flemme de bosser. Ce soir, j’en ai rencontré une vraiment très louche : la flemme de prendre le métro.
A Paris, quand on veut aller d’un point A à un point B, il n’yt a pas 56 solutions : soit on est riche et patient et on prend le taxi à condition d’en trouver un libre qui accepte de vous prendre (oui, je sais, ça semble très compliqué comme ça – et ça l’est.), ou alors on est pauvre et un peu pressé quand même, dans ce cas on prend le métro. La troisième solution est qu’on est assez couillon pour avoir sa propre voiture et là on assume : les bouchons, les klaxons, le parking à l’arrivée… Mais je m’égare1
Bref, ce soir j’ai rencontré la flemme de prendre le métro pour rentrer chez moi. Et c’est assez couillon quand il est 22h et qu’on habite presque à l’autre bout de Paris – de Rambuteau à Pernety, pour être précis. Solution ? Non, pas le taxi, ça j’en ai une sorte de flemme permanente. Et je n’ai pas de voiture non plus. Par contre, j’ai de bonne chaussures, ça tombe bien ! En plus le temps était juste assez froid pour paraître… froid2 . Donc je me suis fait une petite promenade à pied.
Je ne la décrirai pas par le menu, mais elle a quand même réservé quelques étapes significatives qui permettront à mes hypothétiques petits enfants de retracer mon itinéraire de ce soir, si vraiment ils n’ont rien d’autre à foutre, ce qui serait tout de même dommage pour eux. Alors voilà : petite pause devant le Centre Pompidou, dont j’ai décidé ce soir que je le trouvais beau. A sa manière. Puis promenade rapide dans le Marais jusqu’à Châtelet (c’est assez court). Traversée de la Seine devant la Conciergerie, puis re- en face de la Fontaine Saint Michel. Là encore, la flemme m’accompagnait, pourtant je suivais l’itinéraire de la ligne 4, qui me permet de rentrer presque chez moi. Mais non. Je poursuivis mon errance nocturne jusqu’au Boulevard Saint Germain – non sans repérer un restaurant japonais scandaleusement cher et un monsieur qui se soulageait contre un mur. Enfin, me voilà au terme de ma première étape : devant le Théâtre de l’Odéon. Enfin, non, plutôt derrière puisque j’étais devant le Palais du Luxembourg. Et là, une expérience nouvelle…
Je rencontrais une nouvelle flemme : celle de marcher. Il me restait une petite demi-heure jusqu’à chez moi, je ne voulais pas me coucher tard – pour le coup c’est raté. Par contre il y avait là, fort opportunément placée3 une park à vélos – les gens du cru les appellent Vel’lib. Je pris donc mon courage à deux mains, mis ma flemme dans mon sac à dos et chevauchai cette nouvelle monture.
Et ben en fait c’est très sympa, même si ça fait froid aux mains. En trois coups de pédale, mon fier destrier m’amena à l’orée de ma rue. Je ne saurais décrire les merveilles qui égayèrent mon parcours, je n’eus pas le temps de les voir. Tout juste ai-je senti le moelleux délicat des pavés de la rue du Maine. Quant aux Jardins du Luxembourg, à la Tour Montparnasse, à la Place de Catalogne et à l’église Notre Dame du Travail, nenni, je ne les ai point vus, passés en coup de vent. Et me voilà chez moi, fatigué et débarrassé de toutes ces flemmes – y compris celle de faire la cuisine, qui s’est invitée au soûper. Celle de vous souhaiter la bonne nuit étant partie sans crier gare, je vous souhaite donc cette nuit bien bonne et reposante, peuplée de doux rêves. Puisse la flemme de vous lever vous épargner quand le soleil sera revenu !
Infos légales : l’image vient de Flickr, elle est sous Creative Commons. J’ai la flemme de développer plus.