Le recyclage : un point de vue économique
mars 25th, 2009 Posted in SociétéLu dans un article du Monde, traitant du recyclage (disponible en ligne) : «La filière recyclage découvre que les matières premières peuvent être soumises à de très fortes variations, constate Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine. Ce coup de grisou pourrait conduire à une remise à plat et obliger les absolutistes du recyclage à mettre un peu d’eau dans leur vin. Le recyclage n’est pas la seule solution : l’incinération avec récupération d’énergie peut être une alternative intelligente du point de vue économique.»
Je ne sais pas qui est ce monsieur, mais je trouve qu’il devrait pousser son raisonnement un peu plus loin : il est indéniable que d’un strict point de vue économique l’incinération est intéressante : elle produit de la chaleur. Elle permet de se débarrasser de ces encombrants déchets. Et puis, quand on incinère du plastique, on dégage du chlore : c’est toxique, ça permet de vendre des masques pour permettre aux gens de respirer. Et des médicaments quand ils font de l’asthme. Puis de soigner leur cancer à grand renforts d’appareils géants. Du point de vue économique, c’est extrêment intéressant.
De même, du point de vue économique, un paysage sauvage ne sert à rien, il ne créé pas de croissance, il ne participe pas à l’enrichissement d’un pays. Toujours de ce point de vue là, qui est finalement le seul qui compte, la Croissance étant le nouveau Graal, il faut commencer à saccagerexploiter cette terre sauvage, à en tirer tout ce qu’on peut comme matière première, puis secondaires, puis tertiaires. Et quand il ne restera plus qu’un morceau d’écorce bon à jeter, alors seulement, on pourra travailler à le réhabiliter, à en refaire un paysage naturel. Non sans se lamenter du coût de l’opération, et en pensant qu’au moins cette réhabilitation va créer des emplois.
On peut pousser le raisonnement très loin : le dégazage sauvage en haute mer ? Intelligent, du point de vue économique. Les flottes de pétroliers épaves ? Intelligent, du point de vue économique. La transformation de zones fertiles en zones industrielles ? Intelligent, du point de vue économique. L’exploitation des ressources de l’Antarctique ? Intelligent du point de vue économique. La fonte de la banquise au pôle nord ? La vente d’armes en Afrique ? La pêche au thon jusqu’à la nausée en Méditerrannée ? Très intelligent, du point de vue économique… ne faudrait-il pas tout doucement apprendre à considérer d’autres points de vue que le point de vue économique ?
J’ai peur d’une chose : la première terre qui fut cultivée, la zone que les archéologues appellent « le croissant fertile« , cette terre est aujourd’hui un désert. Qu’en sera-t-il du reste du monde dans quelques dizaines d’années ? «Le jour où il aura pollué la dernière rivière, coupé le dernier arbre et tué le dernier animal, l’Homme se rendra compte que le fric ne se mange pas.» Je vous laisse sur ce proverbe africain – je crois. Nous devrions vraiment le méditer… mais nous n’avons jamais été aussi mûrs pour le faire !
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