Un but à la vie ?
avril 15th, 2009 Posted in SpiritualitéIl y a quelques temps, une future ex(?)-amie m’a demandé comment, quand j’aurai 60 ans, je pourrai dire si j’ai eu une vie réussie ou non. Cette question m’a semblé tout à fait incongrue : j’ai la moitié de cet âge, je n’ai aucune idée de ce que je serai quand j’en aurai le double (de mon âge actuel, je veux dire, pas 120 ans), si seulement j’y arrive. Quelle sera ma vision des choses, quelle seront les expériences que j’aurai faites d’ici là ? C’est qu’il s’en passe, des choses, en 30 ans !
En repensant à cette conversation, et à la pirouette que j’avais faite à l’époque pour répondre, je me suis posé quelques questions aujourd’hui – ce qui montre bien que des graines qui traînent peuvent pousser bien longtemps après qu’on les a oubliées.
La première d’entre elles : est-ce que je cherche la richesse financière ? Non, la valeur de l’argent est trop fluctuante, elle dépend des personnes, de l’économie, de ce qu’on peut en faire. L’argent, on ne le mange pas, on ne s’habille pas avec, il ne tient pas chaud et ne protège pas la pudeur. Et on peut être aussi riche qu’on le veut, il y a toujours un plus riche. Vouloir l’argent pour l’argent, c’est avoir faim d’une chose qui ne se mange pas, c’est donc se condamner à souffrir d’un faim qu’on ne peut pas éteindre. L’argent permet, dans nos pays, de se loger, de manger, de s’habiller, de voyager. Mais il n’est qu’un outil pour permettre tout ça. Et un outil, ce n’est pas un but…
Ensuite, est-ce que je cherche la puissance, la domination sur les autres ? Il m’arrive de gérer des personnes dans mon travail, j’aime beaucoup ça. Mais pas pour une impression de puissance ou d’importance (enfin, pas que, je suis tout de même loin d’être parfait ). Ce que j’aime le plus, c’est quand je rentre le soir en me disant qu’untel qui allait mal ce matin, qui n’avait pas confiance, était maintenant reparti sur de meilleures bases. Motiver, expliquer, rencontrer. Marcher sur les autres pour monter ? Pourquoi faire ? Aussi haut qu’on monte, il y a toujours quelqu’un au-dessus, pourquoi vouloir commencer une course qui n’aura pas de fin ?
Cette question de la fin se pose finalement (ben oui) pour toutes les activités : faire quelque chose pour être le meilleur, pour avoir plus, c’est créer la compétition, c’est créer la division. L’esprit de compétition, malgré mon parcours scolaire, malgré mes années de sports collectifs1, c’est quelque chose qui me dépasse. Faire les choses, oui. Les faire bien, oui, aussi bien que possible. Les faire mieux, être plus reconnu pour ce que j’ai fait que mon voisin qui a fait la même chose, quel intérêt ?
Ce soir, en faisant exceptionnellement ma vaisselle, j’ai enfin trouvé les mots qui me manquaient. À 60 ans, à 90 ans, à 32 ans aussi, je penserai que j’ai réussi ma vie si je n’ai pas besoin de regarder derrière moi pour me sentir bien, si je n’ai pas besoin non plus de regarder devant moi. Ma vie sera réussie si ce jour là, je suis bien, et si je le suis chaque jour. Et ça, je suis convaincu que c’est à moi de faire le nécessaire pour que ça arrive.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
- peu couronnées de succès, il faut le dire [↩]