Un soir
avril 24th, 2009 Posted in PromenadeCe soir, après le boulot (enfin, non, un peu pendant aussi mais ça n’est pas de sa faute), Elle est passée chez moi. C’est tout ce que j’en dirai pour l’instant, j’en reparlerai peut-être plus tard. Après qu’elle est partie mon monde s’est divisé en deux possibilités :
- faire ce qu’Elle attendait peut-être que je fasse, ce qu’Elle aurait attendu il y a 8 mois : m’installer devant mon ordinateur et écouter passer le temps
- faire le contraire : sortir, bouger, visiter, aller en boîte, voir des potes, fumer des pétards et rentrer complètement déchiré
- trouver un juste milieu entre les deux (parce-que quand les possibilités sont deux, elles sont en fait trois, c’est une tradition française qui remonte à Alexandre Dumas)
Vous l’aurez compris, entre les deux j’ai choisi la troisième – ce choix est sans doute à mettre sur le compte de mon esprit de contradiction, qui est un organe chez moi particulièrement développé. Je passerai – aussi – sur le restaurant, un qui se dit italien à côté de chez moi dont je voulais tester la pizza et dont j’ai plutôt testé la sauce piquante spécialement traitresse. C’est malgré tout chez cet italien que j’ai eu l’idée d’un aller-retour, qui allait devenir l’objet de ce billet – ou qui aurait pu le devenir si j’avais pris un peu moins de temps pour préparer mon sujet. Tant pis !Ah non, tiens, il me reste un peu de place. Mon dilemme était le suivant : l’air était particulièrement doux, il était dommage de rester coincé à l’intérieur, même devant un ordinateur et encore plus devant un ordinateur, l’informatique commençant tout doucement à me saoûler quand elle est domestique. Mais d’un autre côté je n’avais qu’une petite envie de me promener dans mon quartier – après tout, il est chez moi, donc par définition pas intéressant. D’ailleurs, c’est vrai, ailleurs, l’herbe est tellement plus verte ! J’ai donc eu une idée…
Puisque mon quartier m’attirait peu, j’allais prendre un vélo pour aller dans un autre quartier. Et à portée de vélo, il y en a, des quartiers ! D’abord, il y a le 15e. J’en ai une image assez négative, ça me semble un peu bourgeois, plutôt orienté “grands boulevards bordés de platanes” – même si en fait cette vision se limite à ce qui se trouve à l’intérieur de la ceinture formée au sud par la ligne 6 du métro. Invalides, Unesco, Tour Eiffel… bof, bof.
Ensuite, le 6e. Un peu plus sympa : Saint Germain des Prés, l’Odéon, les Jardins du Luxembourg, Saint Michel en poussant un peu. Très agréable, mais en fait… pas envie, j’y passe assez souvent – au moins 2 fois depuis le début de l’année. Dans le 14e, je connais à peu près, et puis enfin, il y a le 13e. Et la Butte aux Cailles. Un quartier un peu comme Montmartre, mais (un peu) plus plat et plus “village”, à deux pas de la Place d’Italie. Où je n’étais passé qu’une fois en cherchant un quartier sympa pour y habiter. Je tenais mon idée.

Ni une ni deux, je finis mon énorme tiramisu et cours à l’écurie choisir un fier destrier la station Vé’lib la plus proche choisir une bicyclette. Et je pars, pédale. Rue d’Alésia, place du même nom, métro du même nom. Qui se jette en bas d’une longue descente, non sans traverser une glacière, dans la rue Tolbiac. Rue Tolbiac, celle qui borde ma destination. La Butte aux Cailles. D’ailleurs, ça grimpe. Un peu. Mais au pied de la butte, ce que je cherchais : une nouvelle station pour déposer mon vélo. L’abandonnant à son sort, j’ai gravi à pied le dernier raidillon.
Ben mon coco, là haut, c’est vachement sympa. Mais peut-être pas pour habiter en été : il y a une rue dans laquelle chaque maison ou presque abrite un bar ou un resto au rez-de-chaussée. Sachant que les maisons font au maximum 3 étages, on n’est jamais loin d’un bar. A Paris, quand il y a un match entre l’OL et le PSG sur écrans géants, les bars équipés font salle comble. Et quand il fait doux, ils font trottoir comble aussi, autant faire les choses bien ! Bref, la rue en question était bien occupée, j’y suis donc passé assez rapidement pour ne pas déranger.
Après un petit tour là haut, je suis repassé par certains endroits où j’étais déjà passé l’année dernière, dans ma promenade piétonne : j’ai rejoint la rue de l’Espérance, dont j’avais perdu le souvenir et où j’ai repris un vélo. Dévalant cette rue, je me suis retrouvé dans la Cité des Fleurs, un petit quartier hors du temps, hors du monde, mini cité de petites maisons entourée de barres d’immeubles, coin de paradis fort bien nommé en plein cœur de Paris. Ensuite, en cherchant désespérément à rejoindre les maréchaux près du Parc Montsouris, je me suis retrouvé à la Tombe Issoire.
Petite halte sous les platanes, et reprise de mon vélo pour une dernière étape d’une traite, ou presque – je n’ai pas résisté à la tentation de humer le doux parfum d’un pied de lilas blanc. Ce qui m’a fait rater le feu, tant pis, il faut savoir faire des sacrifices dans la vie ! Ensuite j’ai retrouvé mes maréchaux qui m’ont ramené presque chez moi. Bilan de cette escapade : j’ai visité des quartiers superbes, qui à eux seuls réconcilieraient n’importe qui avec Paris. J’ai emprunté quelques trottoirs, mais je les ai rendus de suite donc ce n’est pas trop grave. Une seule route prise à contre sens, mais quelques feux grillés – il en sont devenus tout verts. Et une bonne bouffée d’oxygène, de gaz carbonique, de micro particules et… de printemps dans les narines !
Bon week-end !
