La possibilité de l’impossible
janvier 27th, 2010 Posted in C'est compliqué !Alors que je me promenais dans le métro, me posant dans comme souvent en redresseur de torts imaginaire dans mon monde intérieur – où il est bien évidemment plus facile (et moins risqué) de redresser tous les torts du monde -, je me suis posé une question hautement philosophique, voire métaphysique : quelle est la possibilité de l’impossible1
Bien évidemment la langue française fournit sa réponse. Claire, rapide, précise et concise : elle ignore ce mot. Ou plutôt déclare qu’il ne lui appartient pas, ce qui revient plus ou moins au même. Pourquoi ? Est-ce lié à la profonde créativité de ses locuteurs ? Ou à un manque d’imagination de leur part ? D’autres langues sont plus imaginatives : 叵, 不可能
– non seulement l’idée y est2, mais la graphie est loin d’être désagréable, si ? En même temps, je soupçonne dans cette matière le français d’être un peu faux cul. Après tout, il le dit, ce mot, et il évoque quelque chose vu le sentiment de découragement qu’il provoque. Admettons donc pour la suite l’existence du mot.
Ceci étant posé, reste la question de l’existence de ce qu’il recouvre. Du point de vue des sciences physiques la mécanique quantique nous enseigne un élément fondamental : il suffit que la probabilité qu’un événement se produise soit non nulle pour qu’il soit possible. Les événements auxquels elle se réfère s’intéressent en priorité au monde de l’infiniment petit : atomes, molécules à la limite, particules sub-atomiques, etc. Aussi : cette probabilité nulle n’existe pas. Ce n’est pas parce-qu’une particule est ce ce côté de la paroi métallique qu’il ne se trouvera pas dans quelques instants de l’autre côté3. Par extension : le fait que je sois assis sur un tabouret tout pourri ne veut pas dire que dans une poignée de seconde je ne vais pas me retrouver en dessous, sans avoir rien fait pour. Simplement le traverser. Ça ne s’est jamais vu. Notre conception du monde n’en sortirait pas indemne. Mais ce n’est pas impossible, la probabilité est juste extrêmement faible4.
Le monde solide ayant perdu un peu de sa substance (je trouve déjà ça vertigineux, le fait que cette théorie ait une application pratique – l’effet tunnel utilisé dans les microscopes – n’arrange rien) je me suis posé une nouvelle question : est-ce que ces histoires de probabilité atomiques pourraient permettre à un homme de sauter jusqu’à la lune ? Là, j’ai comme un gros doute, je pense même qu’il faut trouver autre chose. Physiquement, ça semble chaud. Peut-être un jours grâce à la technologie. Sinon, aujourd’hui grâce aux télescopes, mais il s’agit alors simplement de regarder, pas de faire le voyage. Pour les sciences physiques, c’est mort. La magie ? Pas crédible. Quoi d’autre ? La, je ne sais pas trop, finalement, l’impossible est peut-être une réalité, peut-être qu’il a une vraie existence. Sauf, à la limite, pour ceux qui sont capables de faire tenir l’infini dans la paume de leur main. Mais ceux-là ne courent pas les rues !
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